Les installations en céramique d’Amélie Proulx abordent un sujet à la jonction de la culture de fruits et de l’apiculture, deux domaines inséparables, puisque les abeilles contribuent à la pollinisation de 80% des espèces de plantes à fleurs. En préparation des œuvres, l’artiste a multiplié les rencontres pour alimenter son processus, visitant autant les champs de fruits que les lieux de recherche spécialisés. Amélie Proulx a suivi les abeilles à la trace, développant en parallèle un processus de moulage complexe afin de représenter fidèlement le pollinisateur. De la modélisation 3D à la cuisson puis l’émaillage de la porcelaine, elle en a reproduit par milliers la présence.
Le bas-relief Essaims chromatiques offre une vision de la dimension sociale des abeilles et des trajectoires de leur butinage. Des ruches en location doivent parfois apporter un renfort à la pollinisation naturelle pour assurer la production et la qualité des fruits. L’artiste aura de ce fait observé la pollinisation assistée par les abeilles dans un verger de Mont-Saint-Hilaire, le verger Petit & fils, et l’activité de bourdons indigènes dans la bleuetière du Vire-Crêpes située à Lévis. La déclinaison chromatique des sculptures fait écho à la richesse des coloris du pollen et du miel; leur palette de couleurs est étroitement liée aux cultures butinées par les abeilles. Pour informer sur le terroir de provenance et qualifier les propriétés gustatives du miel, l’identification du pollen est de plus en plus valorisée dans le domaine apicole, comme en témoigne le travail de l’agronome Mélissa Girard, consultée par l’artiste. La scientifique contribue à développer la profession de mélissopalynologue, qui se spécialise dans l’étude pollinique du miel.
L’installation Bourdonnements variables évoque aussi le rôle joué par les abeilles dans le succès des récoltes de fruits. Les porcelaines en forme de contenants agissent comme des caisses de résonnances faisant entendre de subtiles vibrations, à l’exemple de celles écoutées par les apicultrices et les apiculteurs dans l’examen de la santé d’une ruche. Ce fait a marqué l’artiste lors de sa première rencontre avec l’agronome Martine Bernier à la station apicole du Centre de recherche en santé animale de Deschambault. Les échanges qui ont suivi entre la scientifique et l’artiste ont porté sur leurs savoir-faire respectifs, qui ont en commun de mettre tous les sens en éveil.
Partenaires agricoles : Martine Bernier, Centre de recherche en sciences animales de Deschambault (CRSAD); Mélissa Girard, agronome, mélissopalynologue et apicultrice; Martine Labonté, Verger Petit &fils, Saint-Hilaire; Alain Soulard, Les Bleuets du Vire-Crêpes, Saint-Nicolas; Vincent Méthot, Ferme François et Lise Méthot, Saint-Nicolas
Texte tiré du programme de la 6ème édition d’ORANGE 2018 – L’événement d’art actuel de Saint-Hyacinthe – Conjuguer la traçabilité. Commissaires : Isabelle et Marie-Ève Charron
Porcelaine, glaçure, fil de nichrome, épingles entomologiques, dimensions variables
Mention de source : Daniel Roussel